La plupart des bouleversements qu’a subi notre secteur professionnel ces dernières années sont les conséquences de choix politiques. Aussi, si la CGT FAPT 77 entend garder son indépendance, elle ne peut pas rester neutre dans un débat qui aura des incidences sur les salarié-e-s et les usagers. C’est pourquoi notre syndicat a pris la décision de s’adresser à l’ensemble des candidats du champ républicain quant aux impacts de leurs programmes respectifs sur le secteur des activités postales et de télécommunication.
Il ne s’agit en aucun cas d’appeler à voter pour qui que se soit, mais de communiquer les réponses apportées par les un.e.s et les autres afin de donner à chacun.e les moyens de décider.
=>Adresse de la CGT-Fapt 77 aux candidat-e-s élection présidentielle
Nous publierons ici les réponses au fil de l’eau.
Le 28 mars nous avons reçu cette réponse de Nathalie Arthaud (LO).
Aux militants de la FAPT CGT 77
Je vous remercie de votre courrier à propos de la situation dans le secteur des activités postales et de télécommunications
Je partage avec vous le constat d’une dégradation importante des conditions de vie des travailleurs de ce secteur.
Sans doute que, comme vous le soulignez, les privatisations n’y sont pas pour rien. Les PTT étaient déjà la vache à lait d’intérêts privés et servaient les grands groupes avant les intérêts de la population. Les privatisations ont été le résultat de la décision d’abandonner aux intérêts privés la partie la plus rentable des PTT.
Et cela s’est traduit par des suppressions d’emplois massives, par une dégradation des services rendus à la population.
Par exemple, plusieurs de mes camarades qui travaillent à La Poste m’ont raconté la situation que vous évoquez. Ils m’ont parlé des dizaines de milliers de suppressions d’emploi, des réorganisations incessantes, qui loin d’organiser le travail le désorganise en supprimant des emplois et en rendant de plus en plus importante la charge de travail jusqu’à rendre impossible la distribution du courrier sans faire des heures supplémentaires bien souvent non payées.
Et comme vous l’écrivez, les embauches sont de plus en plus précaires, entre travailleurs en contrats à durée déterminée et intérimaires, etc. Cette politique contre les travailleurs du secteur s’accompagne d’une détérioration de la distribution du courrier et par la fermeture ou les réductions d’ouverture de nombreux bureaux de poste qui étaient souvent le dernier service public ouvert dans bien des villages. Cette situation, vous la connaissez. Les privatisations ont été le moyen pour les capitalistes de rendre ces secteurs plus rentables et de pouvoir y investir des capitaux et les y faire profiter.
La dégradation des conditions d’existence dans le secteur qui est le vôtre est, tout compte fait, la même pour l’ensemble des travailleurs. Les bas salaires et la précarisation des emplois, c’est maintenant le lot de pratiquement tous les travailleurs, les embauches ne se font qu’exceptionnellement en contrat à durée indéterminée.
Je pense que le système capitaliste est responsable de la situation catastrophique de la société, qui s’aggrave sans cesse, que ce soit d’un point de vue économique ou écologique. Ici cela se fait à travers des privatisations, ailleurs à travers des fusions d’entreprises, partout avec la volonté d’accroître sans cesse la productivité et c’est le résultat d’une aggravation de la crise économique et de la volonté des capitalistes de la faire payer au monde du travail.
Et la guerre en Ukraine, ses conséquences, auront un prix qui sera encore une fois payée par les classes populaires. Cela a déjà commencé avec la hausse des prix de l’énergie et de certains produits alimentaires et toute une propagande est là pour embrigader le monde du travail derrière ce qui serait un effort de guerre. Effort de guerre qui se traduit déjà par des difficultés pour les familles ouvrières et des superprofits pour les trusts de l’énergie et les vendeurs d’armes… la guerre a déjà ses profiteurs de guerre.
Vous me demandez les réponses que j’apporterai une fois élue. Comme vous le savez, je ne serai pas présidente de la République. Mais je peux dire que pour répondre favorablement à la plupart de ces questions, cela demanderait qu’un gouvernement fasse sa priorité de la satisfaction des revendications des travailleurs, ne serait-ce qu’en ce qui concerne l’emploi et les salaires. Je ne pense pas que les élections aient ce pouvoir, les gouvernements qui se succèdent n’ont pour rôle que de défendre et servir les intérêts du monde capitaliste dont le moteur est la recherche de profit pour une minorité de capitalistes, actionnaires et autres privilégiés.
Le passé a montré à maintes reprises que ces promesses ne valent que le temps d’une campagne et ne sont jamais appliquées. Les avancées du monde ouvrier, quelles qu’elles soient, et d’ailleurs toutes les avancées, y compris la lutte contre l’esclavage ou pour les droit de femme, ont toujours été le résultat de luttes. Je crois que vous le savez bien.
Le chant des travailleurs, l’Internationale, que vous devez chanter aussi, rappelle : « il n’est pas de sauveurs suprêmes, ni Dieu ni César, ni Tribun ». Cela doit rester un avertissement pour le monde du travail.
Mais, si je me présente dans cette élection, c’est pour mettre en avant la nécessité de lutter pour changer radicalement le système capitaliste en le renversant. Cela ne pourra se faire qu’avec la force que représente le monde du travail qui fait tourner l’ensemble de la société et je pense fermement que si ce sont les travailleurs qui font tourner la société, c’est à eux de la diriger.
Pour lutter contre le chômage, alimenté par les suppressions d’emplois, les licenciements, etc. il est nécessaire de répartir le travail entre tous avec un salaire qui ne peut être inférieur à 2000 euros net par mois pour pouvoir vivre décemment. Et il faudrait contrôler les comptes de toute cette économie dont le seul but est de maintenir et d’accroître le profit des capitalistes.
Ce n’est pas un programme électoral mais le programme que les travailleurs en lutte pourraient se donner pour « sauver leur peau » dans cette crise qui s’intensifie. Face à la crise économique, écologique, face à la guerre, il faut garder en tête que la société n’aura un avenir que si le pouvoir est arraché aux mains des capitalistes et que les travailleurs prennent en main la direction de la gestion de la société.
C’est en tout cas pour affirmer et populariser ces perspectives que je me présente à l’élection présidentielle.
Avec mes salutations syndicalistes,
Nathalie Arthaud