Ilma Choffel de Witte : "Le burn out n'est pas une maladie de perdants"

 
 

Ilma Choffel de Witte lance un appel pour que le burn out soit enfin reconnu. Il y a deux mois, son mari s’est suicidé. Il était cadre supérieur à La Poste et s’occupait de la communication interne de l’entreprise. Il est mort à la suite d’un burn out, un épuisement professionnel. Il avait 51 ans.

 

 
Les syndicats de La Poste dénoncent un malaise persistant dans l’entreprise. Nicolas Choffel, lui, était à bout, physiquement et moralement. Le cadre a été placé en arrêt maladie, puis il s’est donné la mort. Sa femme, Ilma Choffel de Witte est d’origine néerlandaise et selon elle, aux Pays-Bas, l’épuisement professionnel est beaucoup mieux pris en compte. Elle voudrait que la France s’intéresse enfin au burn out.

« Mon mari, qui était un grand sportif, s’est affaibli petit à petit. Il a perdu près de 18 kilos entre novembre et janvier et cela se caractérisait par une grande fatigue physique et intellectuelle. Sur son arrêt maladie, il était écrit en grosses lettres « burn out ». Il en pleuré. Il m’a dit : « Quand je vois mon arrêt maladie, je vois la fin de ma carrière« , raconte Ilma Choffel.

« Au cours de son congé maladie, mon mari a été continuellement sollicité par l’entreprise. Il recevait plus de 50 mails urgents à traiter par jour. On l’appelait pas pour prendre de ses nouvelles, mais pour discuter des petits problèmes de la journée à La Poste et pour savoir comment y remédier. Cela m’a aussi stressée et un jour j’ai décidé de ramener son Iphone à l’entreprise pour créer une rupture.« 

Pas de réaction de La Poste
Après le décès de son mari, l’employeur d’Ilma Choffel de Witte s’est manifesté auprès d’elle. Mais pas La Poste. « La première réaction que j’ai eue de La Poste c’était dans Le Parisien, à travers un article qui m’a fait beaucoup de mal. On parlait de son suicide et M. Bailly, le patron de La Poste, disait que c’était dû à un malheur familial, que le travail était dérisoire.«  En veut-elle à Jean-Paul Bailly ? Pas personnellement, car « il défend un système qui fait l’autruche depuis 2008.« 

Briser l’omerta
Depuis deux mois, Ilma Choffel de Witte reçoit de nombreux messages, notamment de veuves dans la même situation qu’elle. Une veuve d’un salarié de Renault lui a demandé de briser « l’omerta ». « Tout le monde sait très bien que cela existe, mais le système ne veut pas prendre ses responsabilités. C’est un état d’esprit qui manque en France. Ici, le burn out est une maladie de perdants. » Ilma Choffel de Witte estime que c’est un problème culturel, que les mentalités doivent changer.

Le début du combat
Ilma Choffel de Witte a écrit à François Hollande. Le président de la République lui a répondu, personnellement et elle vient d’obtenir un rendez-vous au ministère du Travail pour parler du burn out. Elle sera reçue, avec des experts, le 21 mai 2013. Son combat ne fait donc que commencer.

 

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